Lingerie et savoir-faire corsetier : quelle différence ?

Le terme lingerie nous est familier, on sait à quoi il fait référence, on l’emploie plus ou moins régulièrement, il n’a plus trop de secrets pour nous. Mais c’est loin d’être le cas pour la corseterie... Ce mot nous paraît tout de suite plus technique, plus spécialisé, plus flou aussi, bien qu’il soit souvent utilisé (à tort) comme un synonyme de lingerie. Ces deux termes sont pourtant à distinguer : le savoir-faire corsetier mérite que l’on se penche davantage sur ce qui le différencie de la lingerie en général. Et qui mieux que notre modéliste, pour nous expliquer les différences entre la lingerie et la corseterie, et en quoi Meïla fait davantage appel au savoir-faire corsetier ?

Qu’est-ce que la corseterie ?

La corseterie fait référence à l’ensemble des créations réalisées par un corsetier. C’est un savoir-faire, qui est d’ailleurs reconnu en France par son inscription à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel. Il peut aussi être distingué par un label officiel, Entreprise du Patrimoine Vivant, accordé aux acteurs d’excellence du secteur comme c’est le cas pour notre fabricant par exemple. Plus concrètement, la corseterie est le terme général pour désigner un vêtement structuré et directement en lien avec le corps. Pour la petite anecdote, au XVIème siècle, on appelait d’ailleurs les corsetiers des “tailleurs de corps”.

La corseterie se caractérise par l’utilisation d’armatures et de baleines qui permettent de structurer un vêtement ou un sous-vêtement. Une armature, de forme ronde, est un morceau de métal arrondi qui enveloppe le sein sur sa base et le maintien sans le comprimer. Une baleine, quant à elle, est en forme de ligne droite, peut être en métal ou en plastique et plus ou moins grande, et se retrouve en général sur les côtés ou le devant pour apporter de la structure à un soutien-gorge, un bustier ou un corset par exemple.

 Quelle est la différence entre la corseterie et la lingerie ?

Plusieurs éléments les différencient. Tout d’abord, alors que la corseterie est un terme spécifique et représente l’idée de structure, notamment grâce à des armatures, la lingerie est un mot plus général qui comprend la lingerie de jour, les petits déshabillés, les nuisettes, les soutiens gorges avec ou sans armatures, les culottes, ... On peut spécifier s’il s’agit de la lingerie de jour (caracos, shortys…) ou de la lingerie de nuit (pyjamas, nuisettes, ...). 

Il y a également une différence plus technique relative à la fabrication de la corseterie et de la lingerie. Il existe en effet beaucoup d’ateliers de confection de lingerie mais peu pour la corseterie ; c’est plus rare. Cela est notamment dû au fait que la corseterie nécessite vraiment un savoir-faire de fabrication, notamment dans la coupe et le montage des produits. La corseterie implique de l’armature, plusieurs réglages d’élastiques pour répondre aux besoins esthétiques et de confort. Il y a donc beaucoup plus de montages et de poses d’élastiques particulièrement techniques et nécessaires que dans le cas de la lingerie, pour créer des effets froncés par exemple. Cela relève d’une véritable expertise et de compétences propres à la corseterie.

De plus, faire le choix de la corseterie c’est opter de fait pour des tissus, matériaux, fournitures et techniques plus sophistiqués, qui nécessitent que chaque produit soit coupé individuellement et symétriquement, et travaillé minutieusement à la main et de façon non-mécanisée. Par exemple, un galon brodé nécessite d’être appairé, c'est-à-dire que le bonnet droit et le bonnet gauche doivent être identiques, les imprimés doivent être symétriques... C’est donc un gage de qualité, d’esthétique et de prix

Combien de pièces sont-elles nécessaires pour fabriquer un soutien-gorge ?

Je dirais qu’il faut environ 30 pièces pour confectionner un soutien-gorge, en général. Prenons l’exemple d’un soutien-gorge Meïla, le plus complexe par exemple qui serait le corbeille avec armatures, car il comprend deux découpes : une découpe transversale et une découpe verticale sur le bonnet, ce qui fait trois parties différentes pour chaque sein. À ces six premières parties s’ajoute la doublure des deux parties du bas, multipliées par deux également. On arrive déjà à 10 morceaux pour les deux seins. Avec l’entre-gorge, on ajoute deux morceaux supplémentaires, puis les deux dos, les deux petits dos en renfort sur les côtés : nous voilà à 16 morceaux de tissus à assembler ensemble. Il y a ensuite tous les élastiques et toutes les fournitures : l’élastique du haut du dos, l’élastique de la basque, les bretelles, les anneaux, les réglettes, le crochet, les armatures, protège-armatures, le petit oiseau Meïla…

Il faut aussi prendre en compte des composants différents en fonction des produits considérés comme petites tailles (les 3 tailles -85, 90 et 95- du bonnet B et les 3 tailles du bonnet C chez Meïla) ou grande tailles (les bonnets D chez Meïla). Les élastiques ou les bretelles par exemple doivent être adaptées à ces tailles et au confort nécessaire, en étant plus ou moins larges selon les bonnets. Le dos du soutien-gorge est en tulle : une seule couche pour les bonnets B et C, et il a été doublé avec une autre couche pour le bonnet D pour un maintien optimal. Ce sont là les marques d’une corseterie voulant vraiment répondre à un besoin de produits spécifiques selon les corps pour un vrai confort de maintien.

 

Combien de temps faut-il pour assembler un soutien-gorge de bout en bout ?

Pour notre soutien-gorge corbeille il faut compter environ 4 minutes pour la coupe et 35 minutes pour le montage du produit. Pour la confection le soutien-gorge passe par 8 postes (machines) différentes.

Alors que dans un atelier de confection de grande taille, les mécaniciennes sont en général assignées à une ou deux tâches ou postes, chez Indiscrète, notre fabricant, la même couturière, appelée mécanicienne, suit un produit du début à la fin. Elle est donc autonome dans la confection du début à la fin, ce qui est rare car cela nécessite une expertise complète des différentes tâches de l’assemblage, un travail plus long et méticuleux et donc un coût plus conséquent. Mais c’est ici aussi un gage de qualité de la confection et de valorisation du savoir-faire made in France. 

En quoi les sous-vêtements Meïla sont-ils considérés comme de la corseterie et non pas comme de la lingerie ?

Meïla, c’est de la corseterie de par le savoir-faire utilisé pour la conception de ses soutiens-gorge. La collection Souffle de liberté comprend trois soutiens-gorge : deux soutiens-gorge avec armatures et un soutien-gorge sans armatures. Les deux soutiens-gorge avec armatures ont deux formes très différentes.

Le soutien-gorge corbeille possède une armature qui enveloppe le sein de la pointe du sein jusqu’au niveau du dessous de bras, en suivant une ligne un peu penchée. Il présente une séparation de part et d’autre avec des armatures hautes qui permettent que chaque sein reste à sa place. Ce type d’armature galbe bien la poitrine et est idéal pour un vrai produit de maintien, pour monter en taille, pour les poitrines plus rondes ou pour les poitrines plus vides sur le décolleté. C’est un soutien-gorge qui enveloppe bien le sein.

Le soutien-gorge foulard se caractérise quant à lui par l’entre-gorge au milieu, l’armature descend très bas sur le milieu devant ce qui permet d’avoir un décolleté plus profond, et donc de rapprocher les seins. Alors qu’une séparation de part et d’autre avec des armatures hautes, comme pour le soutien-gorge corbeille, permet que chaque sein reste à sa place, le soutien-gorge foulard et ses armatures basses permet de ramener un peu plus les seins au milieu et donc de créer un décolleté plus plongeant.

 

Un soutien-gorge sans armature comme le triangle Meïla relève-t-il aussi du savoir-faire corsetier/de la corseterie ?

Oui, car il s’agit d’un modèle structuré. Ce n'est pas un soutien-gorge sans armatures basique en forme de triangle avec une couture ou une pince au niveau de la poitrine et une bande élastique en-dessous de la poitrine.

Le bonnet, qui habille la poitrine, a une partie haute, deux parties sur le bas, et une partie centrale qui passe sous le sein et le dessous de bras : c’est ce que l’on appelle une basque, qui assure un maintien optimum pour toutes les tailles et permet de se sentir plus structurée qu’une petite bande élastique toute simple. De plus, pour que ce soit tout doux à l’intérieur, il y a un protège-armature qui est une bande de tissu toute douce en maille grattée, au contact du corps, de galber et non pas d’irriter. Enfin, pour bien rapprocher les seins et offrir un meilleur maintien, ce soutien-gorge sans armatures possède deux baleines, sur les côtés au niveau des dessous de bras. Ce sont deux petits morceaux de plastique adaptés à la longueur de chaque taille qui servent à garder son dos droit et à ramener la poitrine. C’est un produit qui ne fait pas mal et qui peut être porté au quotidien. Il relève donc d’un véritable savoir-faire corsetier.

Vous voilà désormais initiées au savoir-faire corsetier en général et à la façon dont Meïla en fait usage au cœur de ses collections. Si l’utilisation d’armatures caractérise un produit de corseterie, il n’en reste pas moins que l’importance de la structure et la technicité du savoir-faire restent les principaux éléments qui différencient la corseterie de la lingerie. En bref, la corseterie fait partie de la lingerie, mais la lingerie est loin d’être toujours de la corseterie. 

Et si nous lancions le débat : et vous, plutôt avec ou sans armatures ?

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